La chloroquine
Quand on est passionné par le règne végétal, on est toujours heureux d’en connaître l’histoire. Car toutes les plantes ont une histoire pour deux raisons très simples. La première est qu’elles sont utilisées, très souvent, depuis l’Antiquité. Hippocrate de Cos, Galien, Dioscoride ou encore Pline l’ancien, d’illustres médecins grecs et romains, les connaissaient et les utilisaient pour soigner et soulager de nombreuses affections. La deuxième raison est que certaines d’entre elles entrent dans la composition de médicaments.
De la plante au médicament
Lorsqu’une plante est efficace, l’industrie pharmaceutique essaie d’en extraire une molécule active, brevetable, afin d’en faire une spécialité pharmaceutique. C’est dans cet esprit que de nos jours, on dit que 60 à 70 % des médicaments de synthèse ont une origine végétale. La digitaline, superbe tonique cardiaque, est extraite des feuilles de la digitale pourpre (Digitalis purpurea L.), la morphine, un des plus puissants antidouleur, est issu du latex de la capsule du pavot somnifère (Papaver somniferum L.), la molécule d’acide acétylsalicylique, la fameuse aspirine a été synthétisée grâce à l’écorce du saule blanc (Salix alba L.) et des fleurs de la reine des près (Filipendula ulmaria L.), le taxol, un redoutable anticancéreux, de l’écorce de l’if (Taxus baccata L.).
La notion de “principe actif”
Cette volonté d’isoler un “principe actif”, une molécule active, répond à trois exigences qui sont la reproductibilité de l’effet thérapeutique par la maîtrise de la dose, la connaissance et l’anticipation des effets secondaires et bien entendu, la volonté de protéger l’actif, vis-à-vis de la concurrence, en le synthétisant puis en le brevetant. Car fort heureusement, le vivant, donc les plantes, n’est pas brevetable ! Toutefois, il est important de comprendre que dans de nombreuses plantes c’est la synergie des différentes molécules appartenant aux grandes familles des polyphénols, des terpènes ou des alcaloïdes qui donnent les meilleurs effets. Comme, par exemple, pour la passiflore (Passiflora incarnata).
La chloroquine
Mais revenons-en à notre chloroquine ! Comme vous le savez désormais, elle est d’un antipaludéen commercialisé sous forme d’hydroxychloroquine. Au XVIIe siècle, les colons rapportent d’Amérique du Sud une écorce utilisée par les indigènes pour soulager les frissons et la fièvre. Cette écorce est prélevée d’un arbre appelé le quinquina (Cinchona officinalis). Après de nombreuses expériences, les scientifiques arrivent à en extraire une molécule particulièrement active qu’ils appellent la quinine. En 1820, elle est isolée et devient le premier antipaludéen. Plus tard, différentes industries pharmaceutiques travailleront sur des substituts de synthèse. En 1939, les allemands déposent un brevet sur la sontochine qui deviendra, dès 1946, la chloroquine. Cette molécule de synthèse, tant médiatisée, a comme bon nombre d’entre elles une origine végétale.
Des plantes et leurs fabuleuses histoires !
Toutes les plantes ont une histoire, souvent de merveilleuses histoires. Elles sont, parfois, liées à des croyances religieuses comme celles du merveilleux millepertuis ou de la séduisante passiflore. Elles nous entrainent, quelques fois, dans les méandres obscurs de l’industrie pharmaceutique et des expérimentations scientifiques. Toutefois, elles sont toutes passionnantes. L’histoire de la chloroquine est intimement liée à celles des guerres, des conquistadors puis des laboratoires… qu’en sera-t-il aujourd’hui ? Je vous dis à très bientôt et vous donne rendez-vous sur ma formation en ligne SalviaMédica ! Prenez bien soin de vous en restant confiné !