Les plantes et le sacré
Les plantes aromatiques présentent différents usages traditionnels dans de nombreuses civilisations. En Australie, il y a 40 000 ans, les aborigènes soulageaient leurs maux avec des infusions de feuilles de Melaleuca alternifolia, le fameux tea tree ou “arbre à thé”. En Inde, il y a plus de 7 000 ans, des « eaux aromatiques » étaient utilisées pour guérir le corps et l’esprit mais aussi au cours de sacrifices divinatoires. Les Egyptiens se servaient de plantes aromatiques, antimicrobiennes, pour embaumer leurs morts et lors de rites religieux, en fumigation.
Le pouvoir magique des odeurs
De tous temps, les odeurs, les parfums ont eu sur l’homme un pouvoir presque magique. Même si leur usage est, de nos jours, davantage profane, notamment pour séduire, c’est principalement lors de rites religieux qu’ils étaient utilisés. Quelle que soit la religion, on recourait, souvent, aux mêmes essences comme la myrrhe (Commiphora myrrha), l’encens (Boswellia carterii), le nard (Nardostachys jatamansi) ou le myrte (Myrtus communis).
Dans la religion juive
Dans la religion Juive, la Thora, le Talmud et la Kabbale conseillent l’utilisation des plantes aromatiques pour avoir une vie saine. La myrrhe était mélangée au vin utilisé pour soulager les souffrances physiques et mentales. Pendant les six premiers mois, de l’année précédant leur mariage, les femmes se massent avec de la myrrhe puis avec de l’encens. La myrrhe, l’encens et le nard entrent dans la composition des 7 Huiles Royales utilisées pour consacrer les prêtres et les rois. On confectionne un « Agouda » avec, entre autres, des branches de myrte (Hadass) pour la fête de Scouccot. Une caractéristique botanique de la plante a, d’ailleurs, pris une signification religieuse. Trois feuilles poussant, parfois, à un même point représentent les trois patriarches, Abraham, la bonté, Isaac, la rigueur, et Jacob, l’harmonie qui naissent d’une même source, Dieu.
Dans la religion chrétienne
Dans la Bible, les huiles et les onguents étaient utilisés à diverses occasions de la vie religieuse. Lors de la naissance de « l’Enfant-Jésus », les Rois Mages lui offrirent de l’or symbolisant « l’Enfant-Roi », de l’encens pour « l’Enfant-Dieu » et de la myrrhe pour « l’Enfant-Rédempteur ». A sa mort, le corps du Christ fut embaumé avec une préparation à base de myrrhe. Les cercueils des défunts sont, encore de nos jours, baignés de vapeurs d’encens. On l’utilise, aussi, parfois, à la fin de la cérémonie religieuse afin d’unifier le corps et l’esprit. Dans les évangiles, les apôtres témoignent de l’onction, par Marie de Béthanie, de la tête ou des pieds de Jésus, par un parfum de nard, pur et très couteux. Le myrte est mentionné comme symbole d’Amour, de générosité divine et de paix.
Dans d’autres religions
Dans le Coran, le prophète Mahomet parle de l’huile végétale de cumin noir. Le myrte est l’arbuste du paradis. La myrrhe est également citée.
Le bouddhisme utilise depuis longtemps les plantes et les huiles essentielles. L’encens est un élément important lors des fêtes, des réunions et des séances de méditation.
La vie éternelle
Les plantes aromatiques ont toujours eu un rôle divin, un rôle de communication entre l’homme et les Dieux. Ce besoin universel de s’élever, de s’ouvrir à une autre dimension, leur permet d’oublier leur triste condition humaine, d’imaginer une autre vie faite d’Amour et d’Harmonie et de croire en la vie éternelle. Les huiles essentielles étaient souvent préconisées au moment du passage vers un autre monde, vers un au-delà. De nos jours, elles sont utilisées dans des services de soins palliatifs pour aider les patients à faire leur dernier voyage et à se délivrer des contraintes terrestres.
Pascale Gélis Imbert-Docteur en pharmacie-“Mon grand manuel des huiles essentielles”